Une planche sous le bras, un sac sur le dos et un harfang sur l’épaule, c’est ainsi que je débarquais dans mon nouvel environnement. Le taxi m’avait déposé tôt dans l’après-midi…ou tard dans la matinée comme vous préférez et je m’étais nonchalamment frayer un chemin jusqu’à ce qui semblait être la cour principale. Rapidement, quelques regards curieux furetaient dans ma direction mais je me contentais de les ignorer, ils n’allaient pas me faire croire que c’était la première fois qu’il voyait quelqu’un débarquer ici avec un oiseau sur l’épaule ? Je leva les yeux sur la grande bâtisse qui dominait la cour, sans doute le bâtiment principal, Iouri s’envola et alla voleter près des fenêtres avant de revenir vers moi :

«Alors, c’est par où ?» demandais-je à mon compagnon.
«J’en sais rien, je suis aussi nouveau que toi ici je te rappelle.»

Je leva les yeux au ciel et d’un geste passa ma planche dans les lanières de mon sac afin de ne plus avoir à la porter et avoir les mains libres. Je tira un papier chiffonné de ma poche qui était à la base les instructions à suivre pour se repérer à notre arrivée. Malheureusement ma négligence habituelle avait fait en sorte que le fameux papier était passé à la machine à laver et qu’à présent, la moitié des écritures étaient effacées…La moitié importante évidemment ! Je déchira la feuille et la jeta dans une poubelle avant de me diriger vers un coin d’ombre. Je laissa tomber mon chargement sur le sol et sauta sur un muret de pierre où  je m’allongea. Iouri, intriguée, vint se poser sur mon ventre.

«Que fais-tu exactement ?» me demanda l’harfang en me fixant de ses grands yeux jaunes.
«Rien.»

Au courant de ma frustration d’avoir dû quitter mon ancienne vie que j’vais eu tant de mal à construire pour venir vivre ici, Iouri n’insista pas, il sauta au sol et se roula en boula sur mon sac. Je laissa tomber ma main pour la poser sur ses douces plumes et je laissa mon regard dériver vers le ciel gris où voguaient quelques nuages.

Mon esprit commençait à dériver, emporté par le sifflement du vent dans mes oreilles, je ferma les yeux et me détendis. Je ne sais pas combien de temps je resta ainsi à flâner mais c'est un hululement de Iouri qui me tira de ma somnolence. Ma petite harfang commença à picosser le bout de mes doigts avec son bec pour me faire bouger, j'ouvris les yeux et me redressa juste à temps pour remarquer une femme aux formes longilignes se diriger vers moi d'un pas franc, à ses côtés trottinait un petit agneau. Malgré sa peau lisse et ses cheveux flottants, cette femme semblait quand même un peu trop vieille pour une étudiante et elle comfirma mes pensées en se présentant comme surveillante. Remarquant que la-dîtes Lula me détaillait sans gêne, je me leva, légèrement sur la défensive, je n'avais jamais vraiment apprécier que l'on me dévisage de la sorte même si je le faisait moi-même.

« Oui c'est bien moi. On devrait vous prévenir plus tôt les prochaines fois. » répondis-je d'un ton neutre. Je ne pris pas la peine de lui faire un sourire vu qu'elle ne semblait pas s'en embêter non plus.

Iouri, plus sage que moi, ne manqua pas l'occasion de me rapeller à l'ordre d'un léger coup de bec sur le mollet. Il ne le faisait pas par méchanceté : "Sois un peu plus agréable, si tu ne te fais pas d'amis ici, tu vas trouver le temps long seule avec ta planche !" Je soupira intérieurement, il n'avait pas tort... Je cacha donc ma légère exaspération et m'efforça d'attendre patiemment ce que Lula allait dire.

Une réponse cinglante se pressait aux bords de mes lèvres mes les paroles de Iouri résonnaient encore dans le fond de ma tête. Je pris donc une légère inspiration pour avaler l'arrogance masquée de Lula et me retourna pour attraper mon sac et ma planche. Une fois prête, j'haussa les épaules :

« Allons-y » répondis-je simplement.

J'hésitais encore à accepter la proposition de visite de la surveillante, marcher de longues minutes en compagnie d'une personne aussi aimable me tentait plus ou moins. Lula se mit en marche et je tendis le bras vers ma harfang qui s'empressa de se percher sur mon épaule en un battement d'ailes et je rattrapa Lula. Nous passâmes devant quelques groupes d'élèves qui s'occupaient à tuer le temps entre amis, certains me dévisageaient, sans doute pas par impolitesse mais plus parce que moi-même je les regardait avec attention. Même si j'étais réticente à intégrer cette école, de toute façon on ne m'avait pas laisser le choix, ce nouvel univers commençait lentement mais sûrement à me fasciner !

Je suivais Lula sans vraiment me demander où elle m'emmener, elle se frayait un chemin d'un pas certain vers la grande bâtisse que j'avais vu à mon arrivée. Ne semblant pas très motivée à faire la conversation, je ne tenta pas d'en engager une avec la froide surveillante, je me contenta seulement de poser la question qui me brûlait les lèvres depuis mon départ :

« Dites, il y a une montagne par ici ? »

[Désoler, elle est pas super comme réponse mais j'ai dû recommencer trois fois parce que mon ordinateur arrêtait pas de buguer et de me fermer ma page donc voilà, ça donne pas aussi beau et fluide que ce que j'avais écrit la première fois :/]

Nous continuâmes de marcher calmement, ma question semblait être tomber dans le vide car aucune réponse de la part de la surveillante ne me revint. Je n’y prêta pas attention et me replongea dans mon nouvel environnement. C’est quelques instants plus tard que Lula me répondit. Chercher ? Ça ne me dérangeait pas vraiment de chercher une montagne, de toute façon, j’étais là pour longtemps et j’avais à présent beaucoup de temps à tuer alors autant commencer par ça. Je hocha la tête en signe de remerciement lorsque Lula me lança un regard puis nous nous retrouvâmes de nouveau dans le silence.

«Donc le snowboard c’est ta passion ?»

Cette question me surpris. Je me força à cacher ma surprise néanmoins, je me demandais en fait si la surveillante me posait cette question par réel intérêt pour moi ou simplement pour meubler le chemin vers la bâtisse principale. Je me contenta donc d’une réponse simple et courte, le snowboard, je pourrais en parler des heures durant, si Lula voulait en savoir plus, elle me questionnerait tout simplement, sinon, ça ne me servait à rien de gaspiller ma salive.

«Oui, c’est toute ma vie…Enfin, c’était.»

Mon cœur se pinça légèrement sur les derniers mots mais rapidement, je remarqua un petit sourire s’étirer sur le visage de ma guide. Je me tâta à la questionner là-dessus, puis craqua :

«Pourquoi souriez-vous ainsi ?»

Dés qu'elle comprit ma question, le sourire de la surveillante disparu et elle redevint aussitôt la dame froide qu'y m'avait rencontrer quelques minutes plus tôt. Je ne pus retenir un souffle de stupeur avant de tourner ma tête vers le petite agneau toujours au pied de Lula. Elle avait lever la tête vers sa moitié humaine et dans ses yeux, je pouvais lire une légère inquiétude mélanger à de la douleur. Je plissa les yeux, un peu confuse par ce qui venait de se passer puis je sentis quelques mèches de mes cheveux se tirés par derrière. Je sursauta silencieusement et remarqua que c'était en fait Iouri, il plantait ses yeux sur moi ses grand yeux jaunes et je comprenais bien le message, il était encore plus mal-polie de dévisager un Ewig qu'un humain. Je me racla la gorge et Lula, qui semblait avoir réfléchit à la réponse qu'elle allait me donner, reprit la parole.

Elle fut brève et j'en conclus qu'elle préférait garder sa vie passée dans le passé. J'haussa les épaules et alors que nous arrivions enfin dans un bâtiment où Lula se repérait et nous guidait sans hésitation, moi je ne me sentais pas du tout chez moi au contraire !

« Ça ne te rassurera peut être pas mais... il y a de forte chances que tu ne reviennes jamais à ta vie d'avant, cependant : ici c'est un nouveau départ et ça te permet d'être tout ce que tu veux être. Vois ça comme une opportunité. »

Cette phrase mit le feu aux poudres dans mon coeur, ma gorge se noua pour empêcher mes larmes de couler ou ma voix de s'enrouer et je répliqua d'une voix sèche :

«J'étais déjà tout ce que je voulais être bien avant d'arriver ici.»

Les mots de la surveillante ne s'étaient sans doute pas voulu méchant ou blessant mais depuis mon arrivée, tout me rappelait que plus jamais je ne pourrais faire ce que j'aime vraiment, tout me montrait que j'avais perdu à tout jamais la vie que j'avais mis tant d'années et d'efforts à construire. Et ça m'enrageait ! Mon visage s'était fermé et je continuais de marcher aux côtés de Lula d'un pas dur en observant tout ce qui nous entourait avec mépris, comme si ça ne vaudrait jamais ce que j'avais perdu.