La magie de Noël

Il était une fois une contrée lointaine, il y faisait constamment beau et chaud, le soleil brillait abondamment et les fleurs poussaient paresseusement entre les brins d'herbes vertes. C'était un endroit rêvé, parfait et paradisiaque que l'on nommait le pays de l'été. Mais jamais personne n'avait jamais vu le moindre flocon et pire encore, le père noël ne passait pas par là.
Cela semblait allé à tout le monde ou presque... Une jeune fille, Sarah, du haut de ses seize ans, désespérait de ne pas fêter noël. Elle voulait décoré un sapin de guirlandes colorées et de boules argentées. Elle voulait laisser une pomme et un verre de vin au père noël, elle voulait recevoir des cadeaux... Mais tout cela lui était impossible. Et on l'entendait dire lorsque le 25 décembre approchait :
« Pourquoi ne pas fêter Noël cette année ? Je suis sure que si nous le préparions correctement, le père noël viendrait ! »
Mais on lui riait au nez :
« Ma pauvre enfant, il fait trop chaud ici, jamais le père noël ne viendra par là ! »
Malgré tout, Sarah ne perdait pas espoir car elle n'était pas femme à se laisser abattre. Bien au contraire, elle redoublait d'efforts pour convaincre ses amis mais chacune de ses tentatives échouaient...

Cette année plus que les autres, Sarah avait essuyé un cuisant échec... Déprimée, elle rentra chez elle et laissa ses émotions la submerger. Frustration, colère, tristesse... Tout s'exprima, et elle pleura autant qu'elle cria. Lorsque la nuit tomba, la jeune fille était totalement vidée et Elle réfléchissait encore tandis que la lune ronde éclairait le ciel :
« Si seulement l'on m'écoutait... Mais personne ne veut fêter Noël... »
Elle soupira et s'accouda à la fenêtre :
« Et toi la lune tu as une idée ? ... Pfff... bien sur que non. »
Elle termina sa nuit en regardant les étoiles luire doucement et s'endormit au petit jour. Dans son sommeil, des images lui parvinrent. Des images d'un pays lointain ou il neigeait tout le temps et ou le froid régnait mais malgré ces températures extrêmes, on fêtait Noël et les gens étaient réellement heureux.
La lumière du jour vint chatouiller son visage et elle se réveilla presque instantanément : elle savait ce qu'il lui restait à faire. Un sourire fleurit sur ses lèvres tandis qu'elle s'élançait dans sa chambre à la recherche de vêtements pour faire sa valise : si ses amis ne l'écoutait pas, peut être que le père noël le ferait lui ! Sarah était sure que si elle le lui demandait correctement, il viendrait faire sa tournée jusque chez elle.

Quelques heures plus tard Sarah était sur la route. Elle tirait derrière elle une grosse valise remplie de vêtements et de nourritures. Habillée d'un short et d'un débardeur citadin, elle traversait les prairies d'un pas léger et ferme. Comme elle avait hâte d'atteindre la maison du père Noël ! Mais la route était longue et elle n'en était qu'aux prémices.
Déjà le premier jour touchait à sa fin et Sarah avait quitté sa contrée perdue. Elle était maintenant sur les routes utilisées généralement par les marchands et qui traversaient chacun des quatre pays, mais il n'y avait que peu d'habitation et elle dut marcher encore un peu pour trouver une cabane. Elle toqua énergiquement et on lui répondit rapidement : un charmant jeune homme lui ouvrit et l'invita à rester lorsqu'il apprit qu'elle était une voyageuse.
Assis autour d'une table ils discutèrent joyeusement de tout et de rien, apprenant à faire connaissance. Il s'appelait Léonard et vivait seul depuis déjà quelques années :
« Qu'est ce qui te mène par ici d'ailleurs ? »
Sarah lui offrit un grand sourire avant de répondre :
« Et bien j'ai décidé d'aller au pays de l'Hiver, je veux fêter Noël alors je pensais convaincre le père Noël...»
Léonard sembla enthousiaste à cette idée et lui expliqua qu'il s'y était déjà rendu et qu'il serait heureux de se joindre à elle pour la suite du chemin. Elle accepta sans hésitation et ensemble ils préparèrent les bagages et la suite de leur périple.

Le lendemain tout était prêt et ils prirent la route ensemble. Ce fut plus simple ainsi et plus joyeux. Au moins ils savaient ou ils allaient et à deux tout semblait plus amusant. Se racontant des anecdotes ils ne remarquèrent pas qu'ils étaient arrivés dans le pays du printemps et déjà il était temps de se reposer : le soleil déclinait au loin. Ils montèrent un camp, Sarah excellait dans cette pratique ; elle avait fait de nombreux campings avec ses amies et était parfaitement capable de survivre en pleine nature.
Ils passèrent la soirée à regarder les étoiles et à rire, allongés tous deux côte à côte, une réelle amitié était née entre eux.
Dès les premières lueurs du jour ils se remirent en route. Léonard prit les grosses valises laissant peu de choses à porter à Sarah. Celle-ci apprécia l'attention. Au bout de quelques kilomètres et de quelques blagues, le chemin se sépara en deux. Le duo ne sut alors quel route prendre et restèrent indécis un bon moment. Finalement ils prirent à gauche et tombèrent sur un lac paradisiaque. Le soleil se reflétait sur sa surface miroitante et brillante donnant au paysage un côté mystique.
Léonard ne put s'empêcher d'attraper son amie, de la hisser sur une de ses épaules à la manière d'un sac et de plonger avec elle dans la grande mare malgré ses protestations. Et on les entendait rire et crier à des kilomètres à la ronde, cela emplissait le bois d'une excellente humeur et tous les animaux se massaient pour voir l'animation. Tous, même un renne du pays de l'hiver.
Les deux amis, maintenant assis autour d'un feu de camp pour se sécher furent d'abord surpris d'en voir un. C'était une espèce introuvable au pays de l'été :
« Je n'aurais jamais cru en voir un d'aussi près ! » s'extasia Sarah alors que l'animal broutait tout à côté.
« C'est vrai que ça n'est pas commun... Que fait-il là ? » s'interrogea Léonard. Seulement personne ne pouvait répondre à cette question.
Lorsque le renne eut fini son repas il resta près d'eux en les regardant curieusement. Il semblait vouloir dire quelque chose mais ni Sarah ni Léonard ne comprenait le renne :
« Tu sais ce qu'on raconte sur cette forêt ? » demanda le jeune homme comme si soudainement, il avait eut une idée.
« Non... Je n'en ai jamais entendu parler à vrai dire... » répondit franchement Sarah.
« Paraît-il qu'il existe un artefact puissant capable de rendre compréhensible le langage des animaux. » reprit Léonard.
Comme pour montrer son accord, le renne émit un puissant cri ce qui fit rire les deux compères :
« Je crois que l'on a un nouvel ami ! » conclu l'adolescente en souriant.

L'artefact était une châtaigne dorée que l'on pouvait cueillir au cœur de la forêt. Sarah décida de ne pas perdre un instant et le groupe se sépara pour pouvoir la trouver plus rapidement. Déambulant seule, la jeune fille se sentit perdue. Absolument et irrémédiablement perdue. Désespérée elle se laissa tomber sur une pierre en espérant que Léonard ait plus de chance mais le renne ne l'entendit pas de cette oreille et vint la bousculer du bout de son museau. Peu convaincue elle se leva quant même et le suivit.
Quelques minutes plus tard elle était en dessous d'un arbre qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Il était immense, coloré de mille couleurs et sur une de ses branches poussaient une châtaigne d'or. Prenant son courage à deux mains elle entreprit d'escalader l'imposant arbre. Adroitement elle trouvait les prises, se hissait et continuait son ascension.
En contre bas, le renne était allé cherché Léonard et ce dernier regardait son amie en priant pour qu'elle ne tombe pas. Il fut même surpris de la voir si habile et si rapide.
Au bout du compte, Sarah réussit à attraper la châtaigne mais, en mettant la main dessus elle glissa de la branche sur laquelle elle était assise. Elle hurla en se sentant tomber mais Léonard, bien que terrorisé à l'idée que la jeune femme se brise tous les os, fut assez rapide pour se jeter à ses pieds, ventre à terre : elle s'écrasa lourdement sur son dos.
Difficilement, elle se releva et frotta ses jambes endolories par le choc puis aida son ami à se relever :
« J'ai mal partout ! », geignit-il. « Mon dos est en miette ! »
Sarah riait de le voir se plaindre ainsi mais elle le remercia de l'avoir sauvé en l'embrassant sur la joue. Cela le calma un peu bien qu'il continua de grommeler.

Au creux de sa main Sarah tenait maintenant la châtaigne, le fruit qui lui permettrait de comprendre leur nouvel ami renne. Elle la serra doucement et le fruit se mit à dégager une douce lumière qui fit taire la forêt. Même Léonard cessa toute plainte et observa cette étrange scène. Le quadrupède de son côté s'approcha doucement et vint donner un petit coup de museau dans les mains de Sarah :
« Emmenez moi avec vous ! »
Il avait parlé ! Et sous l'effet de la surprise, les deux amis ouvrirent leur bouche sans qu'aucun son n'en sorte ce qui fit extrêmement rire le renne et les vexèrent un peu.
Après quelques secondes, Léonard reprit ses esprits et demanda curieux :
« Et sinon, tu as un nom ? »
« Oui ! Je m'appelle Pun ! »
Ils continuèrent à discuter de choses et d'autres tout en cherchant la sortie de la forêt. Ils apprirent alors que Pun était un renne du père noël et qu'il s'était perdu en faisant la tournée l'année passée. Hélas il n'arrivait pas à retrouver son chemin et personne ne passait par ici si bien qu'il était resté coincé des mois durant.
Il eut plus de chance auprès de Sarah et Léonard qui le menèrent rapidement à la frontière avec le pays de l'automne. Là, ils montèrent leur camping mais Pun les pressa :
« Noël est pour bientôt ! Il me faut rentré avant ! Dans deux jours tout au plus ! »
Sarah et Léonard échangèrent un sourire amusé :
« Si nous nous rendons au pays de l'hiver c'est pour demander au père noël s'il accepterait de passer par le pays de l'été, ne t'en fais pas nous devons aussi y arriver avant Noël ! »
Rassuré, Pun put dormir, Sarah et Léonard l'imitèrent. Le lendemain matin ils se mirent en route le plus tôt possible. Ils traversèrent le pays de l'automne rapidement mais durent se couvrirent chaudement, plus ils approchaient du pays de l'hiver plus il faisait froid.
En une journée les trois amis arrivèrent à la frontière. En face d'eux, sous les rayons d'une douce lune, une étendue blanche faisait office de sol. Sarah n'en avait jamais vu de toute sa vie et on pouvait lire l'émerveillement dans son regard, et, alors qu'il fallait trouver un endroit pour s'abriter, elle se jeta dans la neige en riant. C'était froid, c'était doux, c'était amusant. Léonard la suivit, sautant dans les centimètres de neige qui était déjà présent. Riant tous les deux ils se roulèrent joyeusement et se lancèrent de la neige à la figure sous le regard amusé de Pun.
Une bataille de boules de neige et un bonhomme de neige plus tard, les trois compères s'endormirent sous une tente faite de bois, de draps et de neige.

La nuit fut froide mais cela ne les empêcha pas de reprendre la route dès que le soleil pointa le bout de son nez. Ils rangèrent très rapidement leur affaires, s'habillèrent chaudement et repartirent à l'aventure en chahutant comme des enfants.
D'abord, la chemin se dessinait clairement sur le sol, recouvert par peu de neige. Mais au fur et à mesure qu'ils avançaient, des flocons dansaient et recouvraient de plus en plus la route. Au final, une véritable tempête de neige se déclencha et Pun dû se mettre devant pour protéger ses deux amis :
« On est sur la bonne voie ! » disait-il, « La maison du père noël ne doit plus être loin ! Je le sais ! »
Les deux autres lui faisaient entièrement confiance et avaient hâte de trouver un endroit chaud. Même si Léonard était déjà aller au pays de l'hiver, le froid environnant le surprenait toujours. Après tout, Sarah et lui était des habitant d'un pays ou la chaleur régnait et ou le soleil brûlait la peau. Ce froid mordant leur était d'autant plus insupportable.
Tout à coup, au milieux de cette tornade de neige, une maison de bois, solide et grande, se dégagea. Sarah laissa une exclamation de joie lui échapper et sauta au cou de Léonard qui soupirait de soulagement. Tous deux redoublèrent d'effort derrière Pun qui leur ouvrait le chemin et, rapidement, ils arrivèrent à la maison. La jeune fille se mit alors à toquer très fort à la porte, congelée et fatiguée elle était tout de même pressée de rencontrer le père noël :
« Ouvrez-nous ! » criait-elle de toutes ses forces.
Les secondes qui passèrent leur parurent longues... Peut être étaient-ils arrivés trop tard ? Peut être que le père noël était déjà parti ? Alors tout cela avait été inutile ?

On finit par leur ouvrir, une belle femme, assez âgé au long cheveux blanc et au regard sage et bienveillant. Elle portait un gros pull rouge en laine et une longue jupe rouge et blanche. Reconnaissant Pun, elle les invita à entrer. Sarah et Léonard ne se firent pas prier, frigorifiés, ils furent ravis de trouver une cheminée :
« Oh Pun ! Nous t'avons cherché toute l'année, ou étais-tu donc passé ? » demanda la femme qui n'était autre que la mère noël.
« Il était perdu dans la forêt du pays du printemps ! » répondit gentiment Sarah. « Comme nous nous rendions ici, il a voulu faire le chemin avec nous ! »
Elle les remercia de l'avoir aidé, leur offrit à boire et finir par leur demander ce qui les amenait ici. Les deux jeunes gens s'échangèrent un regard excité et Sarah reprit :
« Nous venons du pays de l'été... mais là bas on ne fête pas noël et on voulait parler au père noël pour savoir si, finalement, il ne pouvait pas passé par chez nous ! »
La mère noël eut un sourire compatissant :
« Ma pauvre enfant ! Le père noël vient de partir pour sa grande tournée et il ne sera de retour que demain ! »

Sarah aurait pu pleurer. Elle aurait pu se laisser tomber et laisser aller toutes les larmes de son corps. Tout ça avait été inutile... Mais, elle sentit la main de Léonard se poser sur la sienne, elle vit Pun s'approcher pour finalement lui lécher la joue et finalement, elle se dit que tout n'avait pas été inutile.

Elle avait trouver des amis dans cette aventure, Léonard et Pun. Elle avait vécu des choses extraordinaires avec eux et ce n'était que le début :
« Je peux bien attendre encore un an pour fêter noël ! »
Elle serra la main de Léonard, caressa l'encolure de Pun et sourit :
« Et j'ai déjà eu de merveilleux cadeaux : des amis sur qui je peux compter et une superbe aventure...  C'est ça aussi la magie de Noël ! »

FIN