OUIIIII !!
Enfin, j'ai réussi à déployer mes ailes par la propre volonté de ma conscience à moi toute seule ! Un progrès extraordinaire si on prend en compte le fait que c'est la première fois que j'ordonne à mes ailes de s'ouvrir. Et Oh ! miracle des miracles ! Obéissantes, elles sont apparues dans mon dos seulement au bout de la vingtième minute de concentration intense ! Youhou !!
Contente de ce progrès, je m'élance dans les airs, enivrée par la joie. D'un battement puissant, je m'élève à plusieurs dizaines de mètres du sol. Ah oui, c'est vrai que c'est vachement puissant ce truc ! Je commence à maîtriser les rudimentaires du vol, même s'il me reste beaucoup de choses à apprendre. Vol stationnaire, plané dans les courants ascendants, volte (très) large... Tout ça j'y arrive. Le décollage, aussi, c'est facile. Maintenant, je travaille le changement rapide de direction, le plongeon piqué (ça peut toujours servir) et bien sûr, l’atterrissage. Un peu trop compliqué à mon goût ça... Qui se termine souvent par une catastrophe d'ailleurs...
Enfin bon. Je suis dans le ciel, et sur commande en plus, une fois n'est pas coutume, alors j'en profite pour bosser un peu. Je me laisse flotter vers le haut, suivant un vent léger, puis je replie mes ailes contre mon corps. Elles dépassent largement de mes jambes. J'oriente mon buste vers le bas et tente un plongeon. Le vent siffle à mes oreilles, l'adrénaline fait battre mon cœur à une vitesse anormale, et les larmes perlent aux coins de mes yeux. L'excitation me rend imprudente. Alors que je ne maîtrise pas bien cette figure, je me laisse tomber, encore et encore, jusqu'à ce qu'une voix retentisse dans ma tête.
Eh mais t'es folle ?! T'es plus qu'à 10 m du sol !
Misao. Mon Ewig. Elle a l'air... agacée. Par moi. Comme souvent d'ailleurs ! Pff elle est trop protectrice, c'est pas possible ! Néanmoins, pour lui faire plaisir, je stoppe ma chute d'un mouvement brusque, ailes écartées. Je remonte d'un coup, portée par un courant. Je plane maintenant, à l'horizontale, le regard tourné vers le sol.
Ah... J'ai volé beaucoup plus loin que je le croyais. Moi qui pensais rester proche de la forêt, je suis maintenant au dessus du parking, où plein de petits people s'affairent. Nul ne lève les yeux, et ça me va très bien. Je veux faire demi-tour et me poser (lamentablement) à l'abri des regards, sauf que mon virage est... comment dire... Un peu loupé. Je perds d l'altitude, et il n'y a plus de vent pour m'aider à rester en l'air. Je dois atterrir. Et merde...
J'essaie de repérer l'endroit où il y a le moins de monde, mais mon vol hasardeux ne me permet pas de bien regarder. Bon bein tant pis...
Atterrissage. Disons, douloureux. Je parviens à me redresser au dernier moment, sauf que j'avais pas calculé que j'allais aussi vite. Résultat, mes jambes s’effondrent quand je touche le sol et je me retrouve à rebondir sur les fesses sur environ 1 mètre et demi. Aie. Sa mère, ça fait mal !
Je t'avais prévenue !
Nié !
Saleté d'Ewig ! Je me relève laborieusement et jette un œil autour de moi afin de repérer les éventuels témoins de mon acrobatie pas très gracieuse. Il y a juste une fille qui me regarde bein... Comme on regarde quelqu'un qui se crashe à quelques centimètres de vous. Il me semble que je la connais, des cheveux roses, c'est pas ce qu'on oublie facilement. Je sais plus comment elle s'appelle, un rapport avec une fleur il me semble.
Avec un regard d'excuse à son attention, je frotte mes fesses pour enlever la poussière et je lui souris, contrite.

"Désolé, je maîtrise pas super bien, comme t'as pu le constater... Je t'ai fait mal ?"

Ça m'est déjà arrivé de tomber sur quelqu'un... Heureusement qu'il était solide ! Pis il était vachement beau en plus...
Youhou reviens avec nous !
Avec la voix vient le corps. Misao arrive en courant, de ses longues foulées de biche. Elle a du me suivre depuis le sol. Même pas essoufflée par son effort, elle se campe fièrement à mes côtés, me donnant au passage un coup de croupe qui aurait pu me faire valser dans les airs, si je n'étais pas habituée à cette marque d'affection... particulière. Et je remarque son air inquiet : l'Ewig de mon spectateur involontaire est un lynx. Ah... Est-ce que ça arrive qu'ils se bouffent entre eux ?
Tu veux pas aller voir ailleurs et m'attendre ? J'ai pas envie que tu serves de p'tit dèj' à ce lynx...
Pour une fois, elle est on ne peut plus d'accord avec moi. La biche recule, surveillant son potentiel prédateur puis tourne les talons et s'en va en trottinant. Je me détends et reporte mon attention sur la fille aux cheveux roses (non décidément, je ne me rappelle vraiment pas son nom)...

La fille aux cheveux rose écarquille ses grands yeux perçants. Secouant la tête, elle me lance d'une voix enjouée :

"Non, t'inquiètes ! Par contre tu m'as fichue une peur bleue ! Fit-elle dans un éclat de rire. Et toi ? Tu t'es pas fait mal au moins ?"

Rapide examen de mon corps : ça va, je n'ai rien. Et puis j'ai l'habitude des atterrissages en catastrophe ! Je m'apprête à lui dire que ça va, tout va bien, sauf qu'elle me devance, tout en ramassant un dernier cahier :

"Et bah, c'est notre journée ! Je venais de ma gameler quand tu es...heu...arrivée, on va dire!"

Je rigole intérieurement. Arrivée, oui, on peut dire ça comme ça ! Disons que on peut faire difficilement mieux en matière d'entrée en scène fracassante... Grâce à ces supers ailes tellement utiles et fiables, je suis devenue comme qui dirait experte en la matière.
Bref. La jeune fille - il devient urgent que je sache son prénom, qui me permettrait de l'appeler autrement que "la fille aux cheveux roses" - éclata de rire en voyant Misao partir hum... comment dire ? précipitamment.

"Oh, ne t'inquiètes pas, Snow n'est vraiment pas méchant ! Il est plutôt croquettes que gibier, et puis de toute façon il ne s'en prend pas aux ewigs des autres !"

Ouf, voilà qui me rassure !
C'est bon ma belle, tu peux revenir !
Euh... T'es sûre de toi ? Je tiens pas à finir en steak...
Don't worry Darlin', il te touchera pas !
Ok, alors les Ewigs ne s'attaquent pas entre eux. C'est bon à savoir comme info. "La fille aux cheveux roses" met fin à cette conversation mentale par un sourire de plus en plus large :

"On s'est déjà croisées non ? Dans les couloirs ou... En fait j'en suis sûre ! Moi c'est Iris et toi...ça va me revenir...Léa ? Mia ? Non, je laisse tomber ! En tout cas, ton pouvoir est super cool, fit-elle toujours en riant, ça m'a pas l'air de tout repos, mais waouw...j'ai toujours rêvé de voler"

Après cette avalanche de questions qui attendent chacune une réponse précise, je laisse passer quelques secondes le temps de remettre de l'ordre dans mon esprit - aussi difficile que cela fut-il.

"Alors... C'est fort possible qu'on se soit déjà vues, parce que, excuse-moi, c'est pas pour me moquer, mais il me semble que tu n'as pas un... physique qu'on oublie facilement !"

Avec un petit rire, je désigne son abondante chevelure rose bonbon d'un geste. C'est vraiment un trait de caractère très... Rare.

"Ensuite, je m'appelle Lya et pour mon pouvoir, c'est vrai qu'il est sympa... Si on passe outre le fait que..."

J'énumère sur mes doigts.

"... Premièrement, ces satanés ailes ne m'obéissent absolument pas, ou alors vraiment pour des occasions exceptionnellement exceptionnelles."

Lever de l'index.

"Deuxièmement, elles se déploient involontairement, en général au plus mauvais moment."

Le majeur.

"Troisièmement, parfois, en plein ciel, elles me lâchent ou je ne les contrôle plus, comme tu as eu l'occasion de le voir."

Sourire contrit. Enfin, je lève mon quatrième doigt.

"Enfin, même si c'est vachement difficile à contrôler, c'est quand même incroyable de pouvoir voler, planer comme un oiseau, toucher les nuages..."

Je me mets à sautiller en mimant les battements des ailes, je tourne sur moi même, et je ne me rends compte qu'elles se sont réellement déployées que lorsque je sens la douce chaleur caractéristique, ainsi que le bruissement régulier des plumes. Avec un sourire, je me tourne vers "la fille aux cheveux roses" pour voir sa réaction.

"Et au fait, tu t'appelles comment ? Parce que pour moi tu es "La fille aux cheveux roses", et même si j'ai rien contre, je trouve que c'est un peu trop long... Et tu es en quelle classe ? C'est quoi ton pouvoir ?"

C'est une des choses que je préfère ici : connaître le pouvoir des autres. Il y en a toujours qui sont... comment dire, inutiles, surprenants, ou tout simplement loufoques. Je me rends compte - un peu trop tard, comme d'habitude - que je la bombarde de questions. Avec une petit rire désolé, je tente de rattraper mon coup :

"Hum excuse-moi, j'ai vite tendance à... m'emporter..."

Iris, ok... Iris. Oui, ça lui va bien ! C'est joli, original et... Coloré, comme elle.
Je suis sur le point de lui faire part de mes pensées, mais elle enchaîne, après une courte hésitation :

"... et je détecte les mensonges ! Ça peut être pratique mais en général, c'est plutôt chiant, maux de tête et tout le toutim ! Mais bon, je me plains pas, on est tous logés à la même enseigne !"

Oh ça c'est stylé, savoir si quelqu'un dit la vérité ou pas, surtout pour quelqu'un d'aussi naïf que moi ! Je me rappelle que ma cousine, de plusieurs années mon aînée, n'arrêtait pas d'inventer des trucs plus farfelus les uns que les autres, que je gobais sans le moindre doute et répétait à qui voulait l'entendre, entraînant pas mal de moqueries de la part de mes petits camarades. Enfin bref, avec le temps, je le suis un peu moins, mais cette partie de moi n'a pas entièrement disparu, me causant quelques fois de petits... Désagréments.
Tout en méditant sur certains souvenirs disons, embarrassants, j'observe attendrie nos deux Ewigs faire connaissance. Au début, Misao flippe un peu, ça se voit à son expression et elle ne tarde pas à confirmer mes pensées.
Euh Lya ? T'es sûre que c'est une bonne idée ? Nan parce que là y a un lynx tout près de moi et tu sais... Bein jsuis un truc qui se mange quoi !
T'inquiète poulette, t'as entendu ce qu'à dit Iris : les Ewigs se mangent pas entre eux !
Ah si tu le dis... Mais si je meurs à cause de toi, je te tue !
Oui c'est ça !
Ce petit dialogue silencieux et sympathique est interrompu par Iris (Hourra, c'est plus "la fille aux cheveux roses") :

"Et toi alors, tu es en quelle classe ? Au lycée ?

Oui, je suis en seconde."


Et là un grondement. Alarmée, je regarde le lynx. Ah non, c'est pas lui. Euh c'est quoi alors ?! Un éclat de rire me donne ma réponse. Ce bruit étrange vient en fait du ventre de la jolie fille ! Je crois que j'ai enfin trouvé une fille qui mange autant que moi...
Elle m'informe qu'elle était sur le point de prendre un petit dej' à Forest Hill et que si je voulais venir, elle m'acceptait avec joie. Elle ajoute aussi qu'on fait plus ample connaissance autour d'un pancake. Perso, j'aime beaucoup ce concept ! N'ayant rien de prévu et n'étant jamais allée dans un quelconque bar/resto, je dis ok, pas de problèmes, je commençais à avoir faim aussi ! On dit aux Ewigs de rester là bien sagement et c'est parti, direction Forest Hill. Je sais pas du tout où c'est et je n'ai absolument pas le sens de l'orientation, alors je laisse le soin à Iris de nous guider toutes les deux. Elle a l'air de connaître.
Sur le chemin, on papote, de tout, de rien, du temps, des cours... C'est tellement facile de parler avec elle ! Quand on arrive au Forest Hill, il est à moitié plein, et on trouve une petite table assez vite. On s'installe, on commande des pancakes et un café avec sucre et lait s'il-vous-plaît-merci. Je lui demande de me parler de ses cours de philo. Pendant qu'elle m'explique en quoi ça consiste, je regarde sans les voir les autres clients. Un pourtant retient mon attention. Il est grand, brun et bien bâti. Beau gosse, avec ça. Et pile en face de moi. Génial. J'adore scruter les gens dans l'espoir d'apercevoir une sublime créature. Avec un sourire, je me penche en avant et souffle à Iris :

"Attention, beau gosse droit devant !"

[Sorry du retard, et re sorry, absolument pas d'inspi, si t'aime pas le tour que ça prend, tu me le dis et je change !]

Curieuse, je regarde Iris se lever, s'approcher du beau brun et entamer la conversation, tout ça avec un naturel déconcertant.

"Excusez moi, est-ce que je pourrais vous emprunter un peu de sucre ? Oh mais...on se connaît non? Vous n'êtes pas à l'Académie ? Hum...James ?"

Haa pas mal la technique du "on-se-connait-non?"... A réutiliser ! Visiblement, cette fille a l'habitude d'aborder de sublimes inconnus ! Et elle a l'air de trouver ça tellement facile ! N'empêche que j'oserai jamais aller voir un mec comme ça, avec tant d'insouciance et de décontraction !
Ah, réponse :

"Non, pas du tout, j'étudie à l'autre bout de la ville, au lycée de Forest Hill. Max. Et vous c'est...?"

Le tout accompagné d'un sourire. Mon Dieu, qu'est-ce qu'il est craquant ! Attentive, je dresse l'oreille : voyons comment Iris s'en sort, peut-être que ça m'aidera pour de prochaines expériences ! Pas le moins du monde décontenancée, elle répond dans un éclat de rire :

"Oh, autant pour moi...Iris ! Et elle c'est mon amie, Lya."

Un geste dans ma direction, le beau regard clair de... Max dirigé sur moi. Allez, fais quelque chose ! Faute de mieux, je lui fais mon plus beau sourire accompagné d'un petit signe de tête.

"Bon et bien, au plaisir de vous revoir, hein."

Et elle adresse un sourire charmeur à Max, avant de tourner les talons et de revenir à la table, pas du tout gênée par sa petite prestation. En posant le paquet de sucre à l'origine de cette "rencontre", Iris rigole et me dit tout bas :

"Bon, Max, qui étudie au lycée de Forest Hill donc...Il a l'air d'être en terminale. La prochaine fois que tu le vois, il se souviendra de toi et t'auras un parfait alibi pour aller lui parler...Je suis machiavélique !"

Je glousse, puis me rappelle qu'un bel homme me regarde peut-être, et tente en vain de maîtriser l'éclat de rire qui grandit au fond de ma gorge. Iris ne tarde pas à me rejoindre dans mon hilarité, et on finit toutes les deux à combattre le fou rire qui menace de nous submerger. Heureusement, le serveur arrive et nous sauve grâce à de fabuleux pancakes dégoulinants de sirop d'érable. A peine posés, Iris se jette dessus. La pauvre, elle doit mourir de faim depuis tout à l'heure ! Elle engloutit son pancake en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et s'attaque à un autre.
Plus lentement, je savoure chaque bouchée, qui explose de saveur dans ma bouche. C'est tellement bon !! Je comprend pourquoi elle vient souvent ici ! Je pourrais en manger toute ma vie !
La conversation reprend, et Max en est au centre. Entre plans tordus et stratagèmes compliqués, les pancakes disparaissent bien plus vite que prévu.

"On reste un peu là hein ! Flemme de bouger !"

Ça y est, la larve qui sommeillait en moi se réveille. Surtout après un p'tit dèj' pareil ! Et en aussi bonne compagnie ! Un coup d’œil vers Max me confirme que lui aussi aime les pancakes ! Avec un sourire, je me tourne vers Iris :

"Eh, il est tout seul le pauvre ! Tu crois qu'on lui propose de venir avec nous ?"

J'ai à peine le temps de finir ma phrase qu'une superbe blonde entre dans le bar. Mais quand je dis "superbe", c'est vraiment "superbe" ! Grande, et mince, et en même temps, elle a des formes qui feraient rougir le plus gay des mecs. Ses sublimes cheveux blonds volent autour d'elle, ni lisses ni bouclés, alors qu'elle parcourt le bar à la recherche de quelque chose. Ou de quelqu'un... Son regard se fixe sur nous et dans un sourire, elle s'approche d'un déhanché impeccable. Ça devrait être interdit d'être aussi parfaite ! Puis je me rends compte que plus personne ne parle. Tous les regards sont sur elle. Sauf Iris, qui tente d'appeler un serveur pour une nouvelle tournée de pancakes.
La blonde est de plus en plus proche, et je peux voir ses yeux dorés, sa peau lisse et ses dents de pub de dentifrice. Pff, ça me déprime. Elle m'adresse alors un magnifique sourire. Euh... On se connait ?? Je la regarde et en fait, je vois que ce n'est pas moi qu'elle fixe, mais Max, qui est juste derrière nous. Ah, je me disais aussi... Elle s'assoit à côté de lui, minaude un peu et lui roule un énorme patin, genre regardez-comme-on est-beau! Berk, ça me dégoute.

"Euh Iris, ça te dit qu'on aille faire un tour en fait ?"

Elle suit mon regard et voit la scène. Puis elle se retourne vers moi et secoue la tête.
Pff, c'était évident quand même, qu'un si beau mec soit en couple avec une bombasse... Mais je sais pas pourquoi, ça me rend un peu triste... Je me lève et me dirige vers la sortie, espérant qu'Iris me suive.

Y

 Lorsque Lya proposa de rester un peu ici, ce n'était pas Iris un allait protester. Le ventre plein, elle était incapable de bouger...mais pas incapable de recommander des pancakes. "L'appétit vient en mangeant" dit on, et bien cela s'avérait vrai pour Iris...ou du moins elle l'espérait: Sa faim n'avait pas vraiment d'importance, elle en avait trop envie.
Elle arrêta de héler un serveur, qui manifestement avait le regard attiré par autre chose, lorsqu'elle vit que Lya regardait dans la même direction, estomaquée:

"Euh Iris, ça te dit qu'on aille faire un tour en fait ?"

Iris se demanda ce qui pouvait tant les intéresser: Qu'y avait il de plus important que des pancakes?
Lorsqu'elle vit le mannequin suédois qui était arrivé sur la terrasse avaler les amygdales de Max, elle se dit que décidément, non, rien ne valait les pancakes. Pff. Mais c'était qui cette bombasse? Elle avait des longues jambes fuselées et dorés, une taille fine, des formes avantageuses, des cheveux qui éclairaient ses yeux dorés, d'un or voulant qui dévore toute autre préoccupation sur son passage. Après avoir acquiescé et laissé l'argent sur la table, tant pis pour  la seconde tournée de pancakes, Iris suivit Lya. En plus, voir que ce type de top model avait séduit Max l'avait un peu dégoûtée de continuer à s'empiffrer...Elle se prenait pour qui celle ci, à couper l'appétit à une Levy?!

"Ce qu'elle est vulgaire..." Marmonna l'étudiante avec une mauvaise foi tangible.

Elle n'était pas vulgaire. Elle était parfaite. Mais là n'était pas la question.

" Et puis je suis sûre qu'elle le trompe. T'as vu comment tous les mecs la reluquaient? Les plus beaux sont à ses pieds, elle peut pas ne pas le voir. Non, définitivement, il mérite mieux que ça..."

Mais ouiiii, on y croit. Bon, même si elle était en train de déformer la vie de cette pauvre fille, ça avait le mérite de faire rire les jeunes filles.

"Oublions la blondasse: Lorsqu'on le reverra, le Max sera célibataire et nous...on aura trouvé un mec des milliards de fois mieux."

Elle posa son regard sur l'allée commerçante. 

"Oh, ça me fait penser qu'il faut que je passe au marché! Tu m'accompagnes?"

Iris n'avait pas beaucoup le temps de cuisiner, mais elle adorait le faire et avait décidé de s'y remettre un peu plus sérieusement. De plus,  elle adorait l'ambiance du marché. 
Elles bifurquèrent dans les petites ruelles avant d'arriver sur une place qui donnait sur une grande avenue où les stands s'affilaient.
Aussitôt Iris fut prise d'un malaise. Elle serra les dents, ferma les yeux quelques seconde et reprit comme si de rien n'était. Elle avait l'habitude. Dans tous les endroits bondés, on trouvait au moins une personne qui mentait, et si Iris n'entendait pas le mensonge distinctement, cela provoquait chez elle une sorte de gêne nauséeuse à laquelle elle s'était habituée depuis son enfance. En fait, elle avait perdue l'habitude de ne pas la ressentir. Cela arrivait rarement, où uniquement lorsqu'elle était seule ou peu accompagnée.
Lya et Iris s'engouffrèrent dans le marché et furent aussitôt assaillies par une vague de couleurs et de senteurs qui ravissaient les yeux et le nez des jeunes fille. Autour d'elles, les marchands criaient que leurs produits étaient les meilleurs, élaboraient des chansons promouvant leurs épices ou leurs légumes ou bavardaient avec des clients. 
Il fallait avouer que ce n'était pas l'endroit où le plus de beaux garçons. La moyenne d'âge avoisinait plutôt là soixantaine, mais ça ne dérangeait pas plus que ça Iris. 
C'était un concentré de vie, de bonne humeur matinale. Les enfants couraient entre les jambes des passants, essayant leurs nouveaux jouets. Le grouillement incessant la poussait à avancer le bonheur aux lèvres. Elle s'arrêtèrent devant un stand de fruits et de légumes et Iris remplit son grand panier de framboises, des myrtilles, des poireaux, d'oignons et de toute une ribambelle de concentré de vitamines.

"Vachement plus sain que les pancakes quand même." Glissa-t-elle à Lya en payant le sourire aux lèvres.

Elles s'approchèrent ensuite d'un marchand de fromage, puis d'un poissonnier et d'un stand d'épices et de sels qui donnaient envie de voyage et de dépaysement. 
À la fin de l'allée, Iris acheta à une charmante vieille femme un bouquet de pivoines pour sa chambre à l'Académie avant de s'extraire du brouhaha du marché.
Cette petite promenade avait définitivement mise Iris d'une humeur radieuse, et elle prit Lya par la bras pour entonner une chanson des Beatles, un peu fausse, un peu en yaourt, mais qu'importait. Elles étaient seules dans la rue perpendiculaire à l'avenue du marché, à chanter en secouant la tête:

"Come togetheeer...Right nooow, over me!"

Avant qu'Iris ne se mette à imiter le son de la batterie par des "poum poum...poum" énergiques.
Le soleil dardait des rayons sur les jeunes filles, et Iris  ne regrettait absolument pas que cet adorable ange, qui avait ostensiblement égayé sa journée, lui soit tombé sur la tête.